Ma petite histoire, à la base de la nôtre
Je suis arrivée dans le monde du travail avec un grand désir de créer et beaucoup de bonne volonté. Très tôt, j’ai intégré des entreprises reconnues et me suis vue confier des projets stratégiques à l’interface de l’interne et de l’externe, de la direction et des employés, et des différents départements de l’entreprise.
De ce point central, j’ai pu observer. Mais je n’ai pas compris.
Des cadres dirigeantes se soumettaient à leur hiérarchie directe sans oser défendre les idées créatives pour lesquels elles étaient payées. Un dirigeant se plaignait que les employés ne s’investissent pas tandis que ces employés regrettaient de ne pas avoir la liberté de contribuer davantage. Une direction confiait une initiative stratégique à une équipe projet compétente ; celle-ci le rejetait en bloc faute de sentir le respect et les moyens nécessaires à le mener à bien.
Pourquoi ?
L’intention claire et partagée était de grandir : croître collectivement et contribuer individuellement. Dans les faits, mon statut d’« interface » me montrait les limites d’un système qui ne parvenait pas à s’aligner dans la création, et qui générait au passage de multiples blocages et frustrations.
Je n’ai pas compris, et j’ai été touchée. J’étais la témoin passive d’un grand gaspillage humain.
De l’incompréhension, de la tristesse, de la déception, de la colère, de la frustration, et de la souffrance parfois aussi. Et autour de tout cela, du silence et pas ou peu d’actions. Nous nous concentrions sur l’atteinte des objectifs en mettant nos efforts sur des développements externes alors que là, sous nos yeux, nous-même n’arrivions pas à nous mobiliser, au double détriment de l’organisation et des personnes.
J’ai été surprise aussi.
J’avais un master en management d’une grande école de commerce. Plus tard, j’aurais un Master in Business Administration d’une prestigieuse institution internationale. Et pourtant, je n’avais pas appris à gérer une organisation humaine. Comment pouvait-on dissocier une entreprise des humains qui la constituent ? Cela me semblait et me semble une ineptie: non seulement nous contribuions à abimer la merveilleuse nature humaine mais nous nous privions d’une grande partie de son intelligence, de son énergie, et de son potentiel créatif.
Du gaspillage humain, vain et silencieux ? Et bien non. Je n’étais pas d’accord.
Alors j’ai cherché, cherché, étudié, essayé. J’ai ajouté à mon expérience stratégique une compétence organisationnelle, puis des formations en psychologie et en accompagnement du changement individuel et collectif. J’ai expérimenté des obstacles personnels, des chutes et des épuisements, vécu de longues périodes d’introspection, de doutes et de développement. Rien n’y fait : même dans les endroits les plus sombres, mais aussi dans les lumineux, j’ai la même petite flamme intérieure autour d’une question – de la question – qui ne m’a jamais quittée, qui a guidé chacun de mes choix professionnels et dont j’ai fait mon métier.
Comment gérer les organisations humaines ? Comment les aider à être en meilleure santé ? Réduire le gaspillage humain et initier un cercle vertueux de performance collective ?
Ce sont les questions que CeOH vous propose et auxquelles nous sommes invités, ensemble, à amener des réponses.
Gabrielle Ortais, fondatrice de CeOH